samedi 18 octobre 2014


Je vais parler, juste en bougeant les narines.
Ou m'habiller en clown. Maintenant j'ai compris que c'est pour ça que les gens se démarquent vestimentairistiquement parlant. Ils font style, je vais bien, mais en fait ils mettent des chapeaux ou des trucs colorés pour se distinguer. Comme un bébé pousse un cri à la naissance, pour déjà rappeler à sa mère qu'il existe et que la vie, c'est dur tout seul.

Le plus difficile à passer dans le contact humain, c'est le passage du regard.
Y'a tellement de n'importe quoi, dans les regards. Du vrai, puis du faux, puis de la gêne, puis juste un froncement car on a une poussière qui nous gratte.
Pour moi, si je suis confronté à ça, ça fait "la personne m'aime, m'aime plus, je l'emmerde, l'énerve".

Alors qu'en vrai, c'est qu'une histoire de poussière dans l'oeil, et de difficulté à accomoder.
Peut être.
Pis y'a les yeux qui évitent, qui tournent autour de ton visage, comme si tu réverbérais trop la lumière. Ou les yeux qui sourient tout le temps. On a l'impression d'être responsable de ça. Mais on sait pas. Car parfois les yeux sont crispés tout le temps, et on se sent pas responsable de ça, puisqu'on a rien fait que s'arréter et parler à la personne. Ou l'inverse. Ou rien du tout.

Peut être que même on a même pas fait ni vécu ni senti du tout. La réalité ce n'est qu'une illusion plus réussie que les autres. J'y pensais hier. Car j'ai des moments de pensée, qui marchent à peu près normalement.

Mais c'est vrai. Je suis trop sensible aux illusions, au fait que rien n'est vrai. Ca se traduit par le fait que je change constamment d'humeur ou de regard sur les choses ou les gens. Tout évoque quelque chose, puis soudain, l'univers change.
Mais en même temps, on peut pas dire que ça change. C'est juste que quand tu vois du noir, tu ne peux pas voir que du noir. Ferme les yeux tu verras, tu vois des fleurs qui dansent ou des prairies psychédéliques, comme vues de l'hélico de Yann Arthus Bertrand.
Tu mets des formes et des trucs. Le noir peut pas rester vide. C'est pareil pour le reste. Il faut meubler le vide, c'est mécanique.
Alors y'a des gens qui meublent et ça reste. C'est solide. Ils ont une vision de la vie, on dit ça comme ça.
Et y'a d'autres gens, je suis pas seul évidemment, qui sont tout le temps en train de regarder leur pieds pour voir si ça s'effrite pas en dessous, pour vérifier si y'a bien toujours une route, ou de l'herbe, à cet endroit, et non plus une flaque de lave, ou une tribu de micro humains qui se balladent paisiblement dans le relief du bitume.
On sait jamais.
Tout est possible. Après tout quand on pense qu'au dessus et partout autour y'a un univers froid et silencieux, ça fait bizarre. On regarde le marché d'un samedi matin, on se dit...
Mince, quelque chose est pas compatible.

Pensez, vous verrez.
Marché du samedi matin. Légumes, allez y ma bonne dame, blablaba, odeur de poissons.
Lune, univers, relativité restreinte, boules de feu obstinées, immensité, silence, matière primordiale

Non. C'est pas normal. Ca veut dire qu'on est trop prisonnier de notre système de pensée, conditionné par la nécessité quotidienne de faire la part des choses, pour survivre.
Fuck la lune et les soleils, j'ai besoin de bouffer et nourrir mes enfants, et mon lapin, et aller voir mémé en maison de retraite.
Forcément, on conditionne son cerveau (cervelus melonus), a penser efficacité.
Alors voilà, on vit et puis on fini par vraiment y croire, qu'une voiture est une voiture, et que quand y'a du soleil, il fait beau.

C'est vrai que je m'en rends compte, que je vois les choses en prenant leur maximum d'elles. Le vrai, le faux, le demi vrai, le demi vrai faux, l'illusion du début, puis celle d'après. Puis l'illusion super bien faite, la presque vraie, tellement elle est bien faite qu'on dirait pendant un moment que ça y est !
On a enfin trouvé la réalité, y'a plus besoin de réflechir, de mettre tout en balance.
Mais non.
Ca existe pas ça, pour les comme moi. Les illusionnés.

On ne sait plus d'ou viennent les choses. Du dehors, de nous ? Un peu des deux ?
On se fait avoir par nous même parfois. On se reproche de s'être tendu un piège. On est pas content, alors on se parle, à voix haute, un peu, pas trop quand même pour que les gens qui ont une réalité bien nette, et arrosée quotidiennement, ne trouve la notre (de réalité, à leurs yeux), déplacée.

Bon j'ai faim. Il faut beau dehors, ça donne envie de sortir et d'avoir des amis. Avec qui parler de choses qui sont pas vraies, mais qui rassurent.
Et ca donne envie de se dire que le soleil est chaud, de lui dire merci, alors qu'en fait, cette saloperie nous à fait naitre pour mieux nous avaler.
Cochonnerie. C'est vrai en plus. Brave mec au départ, avec ses proto planètes. Ses petits, il disait. Oh, le gentil soleil. Grandissez mes belles.
Toi tu seras de terre. Toi de gaz, avec un petit noyau quand même, comme les pépins dans le raisin. Toi, tu seras de glace, pour le dessert.
On est là comme des cons à rien faire pour lui échapper, à ce débile. Les mercuriens étaient braves et naif eux aussi. Il les a déjà sucé jusqu'à la moelle. Le sondes (on ne nous le dit pas, mais j'ai un contact indirect avec ce fumier d'Hubert Reeves), les sondes repèrent sur le sol liquéfié, des restes étonnamment conservés, d'exosquelettes. Les mercuriens étaient larges et petits. Un peu comme des hippopotames, mais avec juste deux pattes. Des dents en polycarbonate de plasticofère, résistantes, idéales pour chasser les troupeaux de moutons magmatique. Il a toujours fait chaud sur mercure. Même au début, à l'époque des premiers humanopopotames, comme on les prénomment, dans la sphère restreinte des gens qui savent beaucoup de choses mais ne disent rien pour des raisons compréhensibles de maintenance de la foule dans l'ignorance.

Il fallait vivre surement en dessous, dans la tiédeur supportable des profondeurs, à attendre de crever, patiemment. Car y'avait rien à foutre là bas, on pense. Chaud, tout qui fond direct. Une vie dure, sous le cagnard à portée de doigt. Les rayons qu'on devait sentir comme des lances, le sol sous les pieds, constamment en train de gicler des saloperies fumantes.
La galère quoi.

Bon, j'ai faim (grave), et mal aux yeux (pire)
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